La Fille aux mains magiques

Une courte novella dans laquelle on retrouve le style et les différents thèmes chers à Nnedi Okorafor : une figure féminine centrale qui s'affirme malgré des conditions sociales et familiales difficiles, mais aussi une plongée immersive et évocatrice dans la culture et les traditions du peuple igbo (dans le Nigeria actuel), avec une mise en scène fascinante de l'Uli (fr.wikipedia.org/wiki/Uli). L'autrice déploie un fil rouge narratif construit autour de la création et de la puissance de l'art, où les formes de magie qui semblent jouer ne se réduisent pas à la possible intervention de puissances extérieures. Commencé de façon plutôt rugueuse, le récit voit peu à peu poindre et se développer une luminosité communicative dans le sillage de son héroïne. En filigrane, j'y ai lu une exploration de l'idée que l'art (la magie de l'art en somme) peut déplacer et reconfigurer tant le regard porté sur autrui que les relations humaines nouées autour (l'autrice m'a donné l'impression, comme dans d'autres de ses textes, de partir d'un concept de départ fort pour ensuite tirer les fils du récit). Pour celleux qui souhaiteraient découvrir ce texte, je recommande vraiment l'édition française proposée par ActuSF en 2021, qui magnifie la plume imagée de l'autrice en proposant un livre graphique où les illustrations de Zariel répondent à, et accompagnent l'ensemble de l'histoire, donnant vie à cet art Uli qui sert de toile de fond à l'oeuvre. S'il y a bien un texte pour lequel une telle mise en images fait sens, c'est celui-ci.